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jeudi 29 mars 2018

Page 106 M. Anis



photo Joseph Eid pour AFP




Au musée de la modernité

Parmi les gravats
à quoi rêve-t-il encore
l'homme à la bouffarde ?

Une vie à faire fortune, une autre à collectionner, une autre encore à faire marché de son art à réparer.

Près du gramophone
il est présent à l'instant
qui suspend le temps.

Ne plus penser. Déguster, humer ce précieux tabac de miel devenu si rare. Écouter, vibrer à cette voix de l'autre siècle, gravée dans la cire.

Parmi les décombres
ses chères américaines
ne rouleront plus

Protégées sous leur linceul de sable du désert, qu'en restera-t-il dans quelques milliers d'années ?

Obstinément il les restaure
ses épouses de ferraille.

Pour tous ses enfants
deux pour chacun de ses fils
une à chaque fille.

Que devineront les archéologues du futur venus d'un ailleurs sidéral ? Que leur murmurera notre Histoire humaine : des couleurs, de la douceur des coussins ou d'un thé à la menthe ? De l'opulence et de la pauvreté ?  De l'arrogance et des servitudes ?  Des inégalités de classe et de genre ? Que devineront-ils, même, du genre humain ?

Dans les décombres d'Alep
un vieil homme, sa vie, ses rêves.

©Jeanne Fadosi, jeudi 29 mars 2018





illustration sonore :

Nikolai Rimsky-Korsakov - Scheherezade Op.35, Lento Adagio







Cela ne cessera donc jamais
Les hommes ont encore fait trembler la terre
Ce territoire doit être maudit

Je cultivais des vignes
Sur les pentes des montagnes
Des agrumes dans la plaine fertile
Cette terre était un jardin
Un avant goût du paradis

Depuis des siècles et des siècles
Les peuples se sont révoltés
Tout va de mal en pire
Depuis les années soixante-dix
Quand la libanisation a commencé
Et je n'arrive pas à en imaginer la fin

De ma chambre que me reste t-il
Quelques loques, ma pipe
Et la voix d'Enrico Caruso
Qui grésille en 78 tours
Sur mon phonographe







 


Dans un  petit carton blanc

Dans un petit carton blanc,
J’ai mis un jour les disques
De mon chanteur préféré.

Dans un petit carton blanc,
J’ai calé les Œuvres Complètes
De mon écrivain tant étudié :

Trois jolies Pléiades
Et leur album : un quatuor magique,
Surtout bien protégé.

Dans un petit carton blanc,
J’ai glissé Baudelaire
Et ses « Œuvres » si décortiquées.

J’ai fermé le petit carton blanc
Et pour un jour que j’espérais proche,
Je l’ai mis de côté.

Puis nous avons pesé nos valises noires,
Pas plus de  vingt kilos à emporter,
Un choix cornélien :

Ma plaquette de pilule en cours
Et autres traitements ;
Des vêtements chauds

Pour le pays d’arrivée.
Mon livre en cours
Et quelques autres d’avance

Pour ne pas manquer.
On a compté les petites cuillères
Puis fermé la porte.

Nous avons déjeuné dehors,
Il faisait vingt degrés sous les palmiers.
Une journée sous le signe du vingt.

À l’arrivée, on nous attendait
Avec  de l’amour et des critiques.
Il avait bien gelé.
A mon coucher
Dans un nouveau lit
J’ai retrouvé mon livre en cours.

Comme à chaque nouveau paysage
Un livre est toujours là
Changeant mais rituel inchangé

Quant au petit carton blanc
Il resta là-bas seul
Plus longtemps qu’on l’aurait imaginé.

Trois ans après
Après maintes péripéties
Et moult avanies.

J’ai retrouvé mes Œuvres complètes
De Baudelaire et Nerval
Inchangées mais toujours changeant

Ma vie.



 


Si loin de tout

Syrie sacrifiée
bombes et gravats
tant que la musique résonne
au milieu des décombres
le vieil homme se veut en paix
Avec le bout de sa vie
qui ne vaut plus
une once de révolte
il écoute
il fume
il attend
patiemment
le monde lui est devenu étranger
il ne craint pas la mort
il ne voit rien autour de lui
Il n'entend plus
que la beauté des sons
qui distillent
l'Harmonie







 

Là où chaque jour vivre est un combat,

Il a tout eu M. Anis, femme, enfants, luxe, culture et volupté,
Et il a tout perdu.
Lui reste sa pipe et un méchant tourne-disque sans électricité ;
Une sérénité, aussi qu’on ne saura plus lui voler.
Comment pillerait-on les courants d’air ?
Il a goûté au pire que l’homme puisse devenir.
Il goûte aujourd’hui à la saveur du rien, du néant absolu.
Fous de Dieu ou fous tout court,
Ils tirent encore au loin, comme chaque jour.
Lui s’en fiche, il ne tire que sur sa pipe de vieux buis.
Le disque a tourné, un jour, dit longtemps le chant des houris,
Il y a entendu le sublime, les voix d’un passé mort, du temps des divas.
Il se tait maintenant :  l’absolu est ailleurs, dans ce néant,
Qui lui tient lieu de paysage, au quotidien, dans ces absences
Qui lui font un voisinage. Ce chaos après une vie écroulée,
Par la mitraille de fous, sous les bombes d’autres fous encore !
M. Anis n’attend plus rien, sinon de voir en face, la seconde à venir
Et la suivante, et la suivante encore, jusqu’à sa mort certaine.

          https://plus.google.com/+SergeDeLaTorre






 Résiste
 
 Résiste - ABC






Alep
Quand il ne reste plus rien que poussière et murs écroulés sous la voix des bombes ; que la vie se teinte du gris de la cendre quand elle se mêle au sang ; quand l’enjeu des puissants est trop important pour qu’ils laissent la vie sauve à des innocents, plus mal lotis que des rats que l’on gaze pour les éradiquer, seule la musique peut s’élever des décombres vers le ciel.

Alep
Un ange révélé par quelques notes, écrites de toute éternité pour emplir le vide et libérer l’âme, s’est envolé vers les étoiles. Espoir de renouveau. 
Il est des fleurs qui poussent sur le granit.

Alep
Sous l’œil du photographe.
Un vieil homme solitaire, impuissant, pris de musique dans son univers dévasté, témoigne au monde entier la folie et l’espoir.

Alep
Monsieur Anis, c’est vous, le symbole de la lumière du monde.



Illustration sonore : (L'expression des bombes au Vietnam)

               Jimi Hendrix - National Anthem U.S.A (Woodstock 1969)

Star Spangled Banner




 


lundi 26 mars 2018

Pour la P 106 M. Anis




photo Joseph Eid pour AFP


"Il y a des hommes, des rêves, et des objets plus forts que la guerre, et Mohammed Mahiedine Anis, sa collection de voitures anciennes, sa pipe et son phonographe, en font partie", écrit Joseph Eid, photographe à Beyrouth, en reportage en Syrie.



Détail



Une vidéo ici :

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jeudi 22 mars 2018

Des chaussures pour mémoire - P105



L'herbier, tel que je le rêve, est une œuvre commune sur une page commune, pas une source d'idées pour des écriture individuelles, que le nom de l'herbier soit ou non référencé, car cela nie la notion du partage.
Oui, l'herbier c'est avant tout le partage, un livre virtuel où sont présents plusieurs auteurs. 
Alors merci à celles et ceux qui partagent cette vision, ils sont les bienvenus ici.    AD




Doris Salcedo  Atrabiliarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales
Musée d’Art contemporain de Chicago



 
Fragilité d’une fausse douceur passagère derrière un non tissé qui fondra comme neige au soleil
Périssable être humain aux chaussures délicates
Femme meurtrie par la vie chancelante sur ses escarpins blancs
Existence vouée ou livrée au hasard ?
Horreur envers tous ces hommes immunisés contre la fragilité humaine
Ils tuent pendant que d’autres aspirent juste
Comment conserver quelque part un coin d’incertitude où seraient rangées nos fragilités et notre impuissance à dire, à voir, à entendre ?
Doit-on coucher cette fragilité dans une boîte en bois, cercueil éternel ?
Son couvercle ne serait qu’intissé hydrosoluble qui disparaîtrait sous la rivière de nos larmes 
Linceul éphémère cloué sur le cercueil de notre humanité avec des milliers d’akènes de pissenlit 
Ces pissenlits que la femme aux escarpins, chancelante, suce je ne sais où, par les racines. 





Escarpins égarés
une femme a souffert
reste la douceur
d'une exquise féminité
quand la mort est passée











Paysages de chaussures

Petite, sur les photos, je portais des bottes-chaussons qui ressemblaient  en couleurs plus vives 
A celles que portaient ma grand-mère maternelle; mes parents achetaient mes chaussures
Dans un petit magasin où on prenait tout son temps et le marchand m'offrait un ballon orange.

Quand je regarde les pieds des tout petits (et des plus grands), je ne vois que des marques
A leurs pieds mais souvent bien peu adaptés à une journée neigeuse, pluvieuse ou froide.
Certains collégiens gardent leurs "après-ski" quand la neige a fondu: inadaptation et mode.

Au collège et lycée, j'étais chez les sœurs avec uniforme, chaussettes blanches et blouse
Alors week-end et vacances étaient enfin l'occasion de s'habiller à la mode à l'adolescence.
Je rêvais d'un pantalon en velours moulant mais ma mère trouvait que j'étais trop grosse
Alors que je n'avais que des formes; les escarpins vernis noirs avec petit talon en pointe

Et nœud vert ont été plus faciles à obtenir; le pantalon était grenat et j'étais heureuse.
J'ai aimé porter des talons de vamp avec jupe et bas pour me sentir femme et désirable
Mais comme je me suis souvent senti mal dans mes pompes au figuré et au propre
Je portais plutôt des petits talons  car ma grande taille me faisait suffisamment  cible

De moqueries; j'aime mettre mes pieds à l'air même si certains trouvent ça moche.
Comme je me suis régalé pendant trois ans au Maroc en portant des tongs jusqu'en novembre
Parfois et depuis avril souvent: je les payais trois dirhams et six sous, couleurs vives
Je changeais selon mes tenues; prêtes à plonger mes pieds dans l'Atlantique 

18 mars 2018




 









Où es-tu ?


Le lendemain elle allait fêter ses cinq ans, sa mère n’avait pas encore trente ans.

Bruit de bottes
et pas dans l’escalier
sans au revoir

Au retour de l’école, il n’y a plus personne :
- Maman, où es-tu ?

Il ne lui reste d’elle qu’un vague souvenir d’une paire de chaussures qu’elle avait, comme tant d’autres petites filles, un jour, empruntée pour esquisser des pas de dame, au milieu du séjour, en essayant de ne pas se tordre les pieds.

Sa mère :

Tenant debout
en escarpins
toujours
ultime signature
de sa féminité

Au fond de son cœur une éternelle question :
- Maman, où es-tu ?













Cendrillon en fuite
abandonne sa chaussure
qui la retrouvera ?
Privée de souliers
Malmenée par les vents
Elle chevauche les nuages


Pieds nus, vulnérable
elle  a  perdu  sa  liberté
















Quand les souliers parlent ...




Fermer les yeux, 
les mettre à leurs pieds ...
Que sont ces femmes devenues ?

Comme il trottine dans ma tête
le claquement de leurs talons !

Dans un voisin pays
les folles de mai
marchent silencieuses
en talons plats.
Inlassablement.

Au grand bal tragique
de l'Histoire sans queue ni tête,
la vie vaut si peu.













J’ai longtemps vu pendre ses chaussons usés, noués au clou sur la porte de sa chambre : elle les avait tant portés.

Tulle cousu de points de suture :
Les ballerines, si fines, cachent
Moins le beau du ballet, le bonheur des artistes,
Que les souffrances endurées des danseuses !

Et chaque fois que s’ouvrait la porte, le son du bout raide des pointes, contre le panneau de bois, claquant !

Tulle cousu de points de suture :
Les ballerines, si fines, cachent
Moins le beau du ballet, le bonheur des artistes,
Que les souffrances endurées des danseuses !

Que de ballets dansés, grâce, expression et harmonie, qui manquent de dire que l’art de la danse, ce vampire, se nourrit du sang versé des ballerines.

Tulle cousu de points de suture :
Les ballerines, si fines, cachent
Moins le beau du ballet, le bonheur des artistes,
Que les souffrances endurées des danseuses !


http://decoeuretdencre.blogspot.fr/



 
 
Des chaussures pour mémoire

Chaussures exposées dans une galerie d’art,  façon organdi et papier de soie.
Un flot de silence s’élève, brise l’anonymat,
Le cri minéral de  l’absence rebondit sur le blanc des murs.

Sur la pointe, comme les chaussons d’une étoile.
Sur la pointe, comme pour se hisser vers les lumières de la nuit, immense.
Sur la pointe, pour ne pas oublier et offrir au regard un soupçon de grâce bordé d’épines,
Des escarpins se racontent.

Combien de Cendrillons ont perdu leurs souliers ?
Combien de Cendrillons  ont perdu leur visage, lacéré, un jour si différent des autres et qui n’aurait pas dû ?
Combien de  Cendrillons pour combien de souliers ?
Combien de souliers pour savoir qui ? Pour briser l’attente, insupportable ?

La terre a bu le sang,
La terre boit toujours le sang.
La terre, comme toutes les mères dans la nature lèche les plaies de ses petits,
Quand le cœur se brise en un dernier hoquet et que le corps vaincu s’effondre,
Digue rompue,  avec le sang la vie s’enfuit.
Comme il est lourd le ciel, du premier au dernier rayon du soleil, sur la terre en deuil.

Ici sur la pointe, combien de souliers ?
Ailleurs sur la terre ou bien dedans, combien de Cendrillons ?














samedi 17 mars 2018

Pour la P105

Quand les souliers parlent...





Doris Salcedo  Atrabiliarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales
Musée d’Art contemporain de Chicago




Dans les années 1990 marquées par la guerre civile, des Colombiens s’opposent fermement au gouvernement corrompu et aux cartels de drogue tout-puissants. La réponse de ces derniers est glaçante : des villages entiers sont décimés.

Au cours de ses recherches, Salcedo réalise que ces meurtres violents visent bien souvent des femmes, presque toujours défigurées par leurs ravisseurs.
Leurs chaussures sont parfois le seul moyen d'identifier les corps.




Par paires, dépareillées, ou orphelines, ces chaussures témoignent avec force de ces crimes.
Salcedo a choisi de présenter des chaussures typiquement féminines, pour bien rappeler au public que les femmes n'ont pas été épargnées par le conflit.




Doris Salcedo, plasticienne, née en 1958 à Bogota, en Colombie
L'artiste  transforme les objets pour qu'ils passent de l'utilitaire au symbolique. Elle ne se montre que très peu et n'aime pas s'afficher.
“J’aimerais m’effacer”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence donnée le 6 novembre 2006 au Musée national de Colombie. “ Cela ne m’intéresse pas d’être une figure médiatique.  Je ne raconte pas mon expérience personnelle ; ce qui m’arrive à moi est dénué d’intérêt.”



jeudi 15 mars 2018

Page 104 À l'horizon de Paul Bennet







Paul Bennet - Familiar-Ground



Un grand merci de vos participations autour de ce superbe tableau.






Il avait peint la mer


Il avait peint sa vie en bleu, un bleu profond veiné de rêves, témoin d'un été lumineux.
La mer a débordé sur le bleu, frange d'écume en robe blanche aux sonorités si étranges,
mi-bercement, mi-roucoulade, sur fond de ciel un peu blafard.
La mer a roulé sur ses flancs la mémoire du levant aux ocres empourprées dès l'aurore, la couleur de ses sillons d'argent dérobant à l'horizon bohème toutes les nuances sublimées.
Elle a frémi sous les falaises, d'effleurements en estocades, d'ombres sournoises en cordons pâles.
Sa vie n'est jamais renoncement, dans l'obscur ou dans la lumière, dans les froissements du silence ou ses écarts si tempétueux.
Il avait peint sa vie en gris, le gris de la désespérance ou peut-être celui de l'oubli.
Comme des images en noir et blanc, au parfum suranné de l'enfance, des belles histoires déjà fanées.
Bleu ou gris, c'est toujours la mer, cette musique dans la brume, ces déferlantes sur la grève, cette écriture de l'amour.
Elle chante toujours la mer, elle donne puis elle reprend, un jour, des nuits à l'écouter...

Balaline








 

"Paysages"


J’aime les paysages
Âges de la vie
Vie à vivre chaque jour
Jour qui rit, jour qui pleure
Pleure avec le soleil
Soleil en larmes
Larmes de lune
Lune de l’adolescence
Sens en éveil
Éveil de la poésie

Poésie des paysages.

Laura VANEL-COYTTE
http:://wwww.lauravanel-coytte.com








 
Ciel d’équinoxe
L’océan à l’assaut des dunes
Plage ensanglantée

Josette










Pour un dernier adieu


Devenir la vague
Plume de soie
Qui irise et transfigure
Parfois
Hurlante et dévastatrice
Ouvrir le coffre des impasses
Où nos chemins se dispersent
Où les voiles prennent le large
Le chant des bateaux t'emporte
Le sable vit et se répand
Part à la conquête de la dune
Recouvre et berce
S'ouvre sur la lumière
Des coursiers du bonheur
Des chevaux déchaînés
Saoulés d'espace et de liberté
Qui galopent sur la crête de nos rêves
Un soir, ils se retrouvent
Affalés, éreintés, éteints
Noyés
Dans la lueur turquoise
Qui a pour nom beauté
Pour un dernier adieu

© marine Dussarrat







 












Le vent, l'océan et le peintre


Le vent vocifère, glapit, invective la plage désertée.

Noroît insensible
Sur la plage aux crustacés
Ni BB*, ni touristes

Il aime ce temps, l'apprécie, le recherche. Ciel colérique+ océan bouillonnant= tableau fascinant. De quoi exalter sa créativité. L'artiste solitaire, poète à ses heures, parle aux nuages, versifie sur leur neige ourlée fumée de bois.

Au coeur du tumulte
Bousculé, tiraillé
Mais
Son coeur si serein 

Sans pinceaux, ni crayons, il peint avec ses yeux, son âme fervente. Cet amer émeraude! Et là! Là! Ce vert sapin si profond, si hermétique qu'il se heurte à ceux, mouvants, de l'océan. L'eau répond à l'appel du vent. Vague après vague, elle roule encore et encore ses mots abyssaux, ses verbes inconnus. Puis vient, hargneuse, baver son sel aux pieds du peintre indifférent.

Sur la grève
Éphémère
L'éloquence marine.
Page abstraite
Écho romantique
Celle de l'artiste
.
Martine MADELAINE-RICHARD

*référence à BB: Brigitte Bardot et sa chanson:  La Madrague
                  "Sur la plage abandonnée/Coquillage et crustacés/Qui l'eût cru déplorent la perte de l'été/
               Qui depuis s'en est allé"









Calme encore, le temps !
L’océan s’alanguit, mou,
L’horreur dans le ciel.

 ©Serge De La Torre
http://instantsdecriture.blogspot.fr
http://decoeuretdencre.blogspot.fr







Horizon marin

Dans le soir incertain, le ciel a décrété la confiscation des étoiles. La nuit bâillonnée ne sera bientôt plus que plaintes, tumulte de l’horizon épousant la vague en vagissements orgasmiques.
Le sable du rivage, maquillé d’ocres, malmené d’écume, se noie dans l’indécision entre bleus et verts. Quelque part, menace indéfinie, la bouche des abysses broie le souvenir grinçant des coques englouties et la rouille des nuées s’élève au-dessus des eaux.
L’Homme, depuis toujours, paie son tribut à la mer.

Adamante Donsimoni
https://le-champ-du-souffle.blogspot.fr/





Le coin des retardataires

 
 
En terrain connu on ne devrait avoir peur de rien
Pourtant je sens que la mer est en colère, elle se détache de la terre,
elle ne veut plus lui coller à la peau
La terre sans elle sera boue grise
L'estran ne sera plus jamais grève au sable doux et doré
le délaissé sableux de la mer ne sera  que marécage glauque
C'est alors que j'ai vu le ressac malmener une branche, la jeter, la reprendre, la faire rouler comme un noyé, sans se lasser de lui sucer la moelle.
Sous mes yeux la branche devint caïman, je le vis ramper dans la boue,  son œil méchant de prédateur prêt à me manger, moi la proie facile.
Dans cette vasière je m'enfonçais lentement incapable de voir les vagues qui voulaient en bleu et vert et en écume du temps nettoyer mes idées sombres.
Le ciel alors se mit à aspirer ces tristes visions.
Dans un bruit assourdissant il aspira la mer.
Alors sur la plage grise , la longue branche, laisse de mer,  bois flotté au bout de son voyage,  vint se poser à mes pieds.
À genoux j'ai remercier le ciel et l'océan
Dans mon atelier cette offrande deviendra œuvre:
"La bête à l'œil torve"

jamadrou © 11 mars 18  (A fleur d'image) 
jama.e-monsite.com
 
 
 
 
 
 
Tombé au creux de la vague
Sieur Soleil chavire
en un dernier bonsoir
colorant le crépuscule
des milles soucis d'un jour
que les flot borderont
dans un lit de sable...