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vendredi 31 mars 2017

Page 72, les gestes d'un regard



 





L'œil est bien net
la corne altière
le regard doux
Y a-t-il une faille en toute chose ?
un génie en toute particule ?

La vie, toute vie, se nourrit des parcelles mortes.
La vie, toute vie, se renouvelle de leur offrande.











Puissant ! Plein ! Vrai !

Animal, fier : oreilles tendues, aux aguets !
Regard droit, de celui qui a tout vu,
Et se tient prêt à toute action pourtant. Il voit loin,
Ne ferme pas l’œil en offrant ses naseaux au soleil.

Son territoire est son sang, la liberté son horizon.
Il porte le manteau lourd de l’habitant des  montagnes,
Juste occupé de vivre, et parfois même de survivre à l’hiver.
Cornes retournées : le combat lui est tout intérieur :
Autant au moins qu'il vise le possible rival.
L’adversaire ne lui est pas même la mort, 
C’est elle qui le révèle.
  
Mais aujourd’hui, il domine, puissant, plein… Vrai.










Veni vidi, c'est tout...


Ce printemps
Comme une envie
Viscérale
De prendre la place
Du vieux « bouc »...

Il me toise
Me jauge
Me défie
Prêt à en découdre
De sa corne massive...

J'exige son harem
Ni plus, ni moins...!
Moi le jeune mufle
L'insolent blanc bec... !

Sur le sabot de guerre
Déterminé,
Les femelles soumises
Au sperme du plus fort...

L'expérience
Du vieux combattant
Contre la fougue
Du bleu...

Mais,
Y a pas pire aîné
Qu'un mouflon !

L'année prochaine,
Je l'aurai, je l'aurai...











 



Connivence interrogative
Croisement de nos regards
La majesté s’impose















 
Mes yeux cherchent ta constellation
Divinité criocéphale
Mouflon au regard
Exprimant tout son mépris
Pour l’homme
Qui s’agite vainement
Tout englué de sa suffisance







Toi
Toi le mouflon
Toi le Roi des glaciers
Aux cornes chantournées belle parure
Niée
Tu deviens bouc
Bouc émissaire

L'autre et sa superbe
mérite la mort
Toi le bouc émissaire
Appel à la révolte
Non celle qui se noie dans le sang
l'autre, la vraie la juste
Celle qui fait un tour dans l'autre sens sur soi-même

<< Le premier qui dit la vérité il doit être exécuté (Guy Béart) >>











Il revient le printemps sur un air de romance
Un air fleurant l’amour parfumé au jasmin
Pour que la vie soit rose et nos cœurs pleins d’entrain
Sur un air de tango ou de valse de Vienne
Il swingera ici,  il rapera là-bas…
Jetant des pas de deux à dérouler sans faute
Les bancs publics auront leur plein d’entrelacés
Les bois ont du muguet à trousse chemiser
Le coucou vous épie méfiez vous, il ricane
Les oiseaux font leurs nids, prévoyants et joyeux
Vous regardez passer des passantes divines
Vous musardez rêvant de muses alanguies
Le Printemps est toujours votre excuse coquine
Après tout il est court et scande le poète
Cours y vite, cours-y vite,

En un clin d’œil,  il a filé…











               Leçon d’un mouflon à une humaine

Quel trouble, soudain ! la condition humaine me semble dérisoire. Ce regard plein de compassion renverse les valeurs. L’espèce bipède brandissant la supériorité de sa conscience face aux limites affirmées de l’animal, vanité, prétention, bêtise !
Dans ces yeux, je lis une infinie sagesse. Même l’herbe offerte à l’instant me semble mieux comprendre ce qu’est la vie. Il n’est aucun soupir pourtant, autre que celui qui s’échappe de mes poumons, aucune accusation dans ce regard débordant d’amour, juste le don total de soi.
Ma gorge se noud, je voudrais crier : comment pouvez-vous encore nous pardonner ce que l’on a fait de la planète ? Mais il ne m’échappe qu’un terrible silence, l’aveu de mon impuissance et la certitude de l’erreur effroyable de mon espèce.






En commentaire :
Merci pour ces regards tout en sensibilité!

A l'orée de l'aube
J'ai rencontré un roi
Aux couleurs d'élégance
D'un regard souverain
Épris de liberté
Il défie silence
L'espace immaculé
Et la folie des homme.




dimanche 26 mars 2017

Un regard pour la page 72, et quel regard !



Voici l'image de la semaine, j'ai hâte de lire les mots qu'elle vous inspirera. Merci à Noushka qui sait si bien capter l'âme de ses sujets.





Qu'est-ce que l'Herbier ? 


La confluence entre écriture et art graphique, photographique et parfois musical, quand l'un engendre l'autre pour le partage. 

Car l'un doit obligatoirement engendrer l'autre pour suivre la règle de la communauté. 

Je souhaite que l'Herbier conserve sa vocation de création et ne devienne pas une vitrine où proposer des œuvres qui ne respecteraient pas cette règle. 
Un grand merci. AD


vendredi 24 mars 2017

Rêves bleus pour la page 71



Un petit brin de sable blond nostalgique avec un rêve en bleu
(Marcel Amont  - archives Ina)
Rien que du souire !





eMmA MessanA





 
Cris d’enfance
contre encre violette -
pierre ponce







Rage nuageuse
sur bougies de rosée -
candeur interrogative








Loup et agneaux
pourquoi râle-t-il ?
il a un bleu à l’âme

cool le gros
c’est notre nuit de noce !









C'est bleu...


A l'école
On se prend
Des retenues
Des punitions
Des mauvais points
Aussi... Faut pas
Etre dans les nuages
Pauvre cancre !

Maître Jacques a dit
Copie-moi
Le verbe rêvasser...

Alors sur la feuille blanche
Il a barbouillé...

« C'est bleu,
Comme un...
C'est bleu,
Comme une...
C'est bleu,
Comme un...
C'est bleu,
Comme un rêveur
Des ailes dans le dos
Qui allume des bougies
Puisqu'il n'est pas une lumière...

Maître Jacques a souri
Ce p'tit Prévert deviendra grand...




et un second




Il eut...


Il eut
Sa période blanche
Toiles vierges...
Il eut
Sa période noire
Sombres tableaux...
Il eut
Sa période rose
L'alcool et ses éléphants...
Il eut
Sa période verte
Mais sans espoir...
Il eut
Sa période jaune
Rien de neuf...
Il eut
Sa période rouge
A la banque...
Il eut alors
Sa période bleue,
Heureux tel un poisson dans l'eau
Enfin...








 

Je laisse chaque jour "l'ancre" bleue couler en petites pochades
Je laisse chaque jour les poissons bleus remonter à la source
Je laisse chaque jour la folie bleue envahir mes notes
Je veux entretenir cette harmonie bleue qui éclate en moi
Je veux ouvrir grand les fenêtres quand l'heure bleue m'offre  son silence
Je veux faire de la note bleue la note qui rend heureux.









Azul azuleros
des mots arabes au persan
tel un vase de Chine

Lampe d'Aladin au Génie
pour des amours clandestines

L'encre en mélange d'aquarelle s'est libérée pour leur montrer la vie en rose, à l'aune de coeurs à l'unisson. Mais quel est cet oeil dont la vue se brouille de gris bordé de noir ?



accompagnement musical, les mots bleus de Christophe en live :
une version toute en retenue que je préfère de beaucoup à l'enregistrement officiel.






Une île

Là-bas, une île
aux contours d'aquarelle
baigne ses pieds d'opale
dans l'eau céruléenne
Dégradés d'océan
en frissons azurés
le rose délavé
s'égoutte sur la grève
C'est la brise du soir
Les nuages monotones
au goût de myosotis
dérivent
vers le bleu de la nuit







 






Un ouragan d'amour
a soufflé sur nos âmes
il nous a terrassés


&



Le ciel est jaloux
tu refais le monde en bleu
lèvres offertes

jusqu'à demain tu dois
m'aimer au bord des flots











Ciel bleu estival-
Celui de ses yeux
plus profond encore




Toi
Moi
Et l'océan des vacances..




Turquoise, améthyste
Ou saphir
La vague emporte
Petit bateau nuage
Un rêve d'évasion...









Bleu

Le soleil sur les épaules
Je lève les yeux vers le ciel
Et ce bleu du Maroc, éternel
M’en rappelle d’autres

Le bleu des nus de Matisse
Bras croisé derrière la nuque
Jambe repliée devant le buste
Le bleu du Maroc de Matisse

« La porte de la Casbah » bleu-
Lumière de l’Orient, unique
Bleu de la mer ou de l’Atlantique
Bleu de volume et de distance

Comme pour son aîné Cézanne
Qui peignit beaucoup de vases
Bleus : bleu de cobalt, bleu de Prusse
Bleu d’outremer,  noir de pêche

Le bleu de cobalt des faïences
Et des maisons portugaises
Le bleu d’outremer tiré d’une pierre
Le «  Prusse » plus bleu que le bleu pétrole.

Le bleu utilisé par Majorelle
Pour peindre sa villa marocaine
Choqua tant de monde
Qu’on l’appela « bleu Majorelle »

C’est un bleu outremer intense
Clair, doux qui tranche
Avec le vert des plantes
Et les fleurs jaunes, oranges …

« Plus bleu que le bleu de tes yeux,
Je ne vois rien de mieux,
Même le bleu des cieux »
Chantait Edith Piaf à son amoureux.
  
Chez moi, il y des palmiers
Dans le ciel dégagé

Chez moi, il y a des nuages
Dans le ciel d'orage

Chez moi, il y a l'océan
Qui joue avec le vent

Chez moi, il y a la pluie
Qui tombe même la nuit

Chez moi, il y a le soleil
Qui rit dès le réveil

Chez moi, le champagne
Pétille dans les verres

Chez moi, le thé somnole
Dans le midi de canicule

Chez moi, c'est ici encore
Chez moi, c'est là-bas si fort

 ©Laura Vanel-Coytte


Projections en bleu

Animal d’azur, en arrêt. Étonné !
Chevelure marine au courant emporté,
Ici et aujourd’hui. Éclat d’eau, vagues…
Deux hémisphères tronqués, papillon asymétrique ?
Deux bougies où tremblent autant de flammèches affolées ?
En fait, deux silhouettes, unies dans la tendresse d’un regard.

 





 
Pourquoi s’en faire ?

Le petit bonhomme du ciel, le petit bonhomme au gros nez, clope au bec façon Prévert et casquette façon Hardellet, a revêtu sa cape de lumière, sa traîne d’eau.  Super héros des nuages, il s’élance au-dessus du fleuve vers deux amoureux-pétales à peine épanouis, deux amoureux contemplatifs, si absorbés l’un par l’autre qu’ils ne voient pas le petit bonhomme. Il s’agite pourtant, se transforme. 


« Eh ! regardez-moi, regardez votre avenir ! Regardez l’enfant, l’ange, prêt à s’envoler et ce personnage nimbé d’une lumière sombre qui s’éloigne doucement sans faire de bruit pour ne pas vous déranger. » 

Mais le silence recouvre tout, comme la brume recouvre le lac de leurs yeux qui se boivent.
Après tout, à chacun son tour. Le un devient deux, le trois se dessine tandis le quatre s’efface. Chacun sait que le carré est un leurre, que seul le cercle est réel, que seul le cercle n’a pas de fin. Alors, pourquoi s’en faire ?


Un petit nouveau qui vient se rajouter au précédent texte de Marine.
 
Une rafale a ramené des bleus sur ma page Adamante


Bleu ultramarin
Ponctué d'un rose céleste
Un soir où le vent s'allie aux esprits des grands fonds
Qui découvrent les espaces infinis
Sur les voies des alizés
Miracle de beauté
Dangereux et perfide
A la surface de l'océan
Les monstres se diluent dans l'espace
L'amour croit en son impermanence...

vendredi 17 mars 2017

Proposition page 71, bleu, bleu, bleu





Haïku, Haïbun, poésie libre, prose poétique ? 
L'instant se donne en bleu. Merci et bienvenue à eMmA














Page 70, l'herbier est au bal







  "Au bal" de Berthe Morisot -  musée Marmottan-Monet 



 
Berthe fait tapisserie ce soir.

Chez elle, la beauté n’a rien du frivole,
La retenue, la pudeur, rien de prude.
Il y a dans sa pose quelque chose de plein,
Quelque chose d’une maîtrise, de quelque force secrète .
Femme de silence, et femme d’écoute,
Elle est femme d’expérience, être de vécu.
Elle a le regard soucieux de celles qui voient 
Plus loin que la frivolité de l’éphémère,
Elle a le souci de l’ordre du monde,  
Et puis de ceux qui l’entourent.
Son apprêt n’a rien d’une surcharge,
Juste une élégance de l’allure qui parle de soin,
Qui parle d’attention à soi, et de douceur...
Pour mieux s’offrir le droit à cette rêverie
Que masquerait presque cet éventail.

Qu’elle s’en protège, qu’elle s’y cache ?
Non, c’est un filtre pour que le monde
Ne lui vienne pas trop vite - et fort - la blesser.
C’est une autorisation à regarder autrement la vie.







Berthe...

Au bal
Faire tapisserie
C'est affaire de laideron...
Berthe est jolie fille,
A marier...
On la remarquera !
On...
C'est le fils du banquier
Du notaire
De monsieur le Comte,
Ces on qui en ont
Dorés sur tranche
Qu'importe le profil ingrat...
Parents veillent au grain,
Et sur leur graine... !

Pauvre demoiselle Morisot
Ah si mère savait... !
Elle est amoureuse
Du jeune curé
Beau tel un dieu...
Berthe est de toutes ses messes,
Ca fait jaser les grenouilles
Qui elles ne sont ni aveugles
Ni avares en sucre cassé !

M'accordez-vous cette danse
Mademoiselle... Mademoiselle ??

Perdue dans ses pensées
Elle laisse filer une occasion...
Une occasion, de faire son malheur,
Elle en aime aucun, fils de...











 

Carnet de bal vide
les yeux de la belle valsent
derrière un éventail









Printemps et renouveau
Arbres en bourgeons
Jeune fille en fleur
Ce soir ira au bal
Danser la valse
Au bras d’un prince
Prince charmant
Qu’elle attendra
Assise sagement

Sans chaperon
Moue et déception
Demoiselle mise en pot
Attendra le prochain bal
Rêvant secrètement
De sourires furtifs
De frissons amoureux
Et de la corde au cou
D’un beau collier de femme

Refus et dérision
Brisant la potiche
Seule au milieu de la piste
Au bras d’un cavalier imaginaire
Elle valse, valse, valse
À en perdre haleine
Regards courroucés
Des douairières
Fini le carnet de bal
Se prenant par la main
Elle tracera son destin









Elle a deux roses dans ses cheveux
Noirs de jais la belle oiselle
Avec soin elle a revêtu une robe vaporeuse
Elle affiche un air très agacé
Elle agite un éventail coloré...
Elle comptait sur son cavalier préféré
Las, une accorte gourgandine
S'en est emparé
Je sens se dit-elle que je vais passer
Une fort mauvaise soirée...












 


Tenue de fête, blanche et fraîche
Regard lointain dans l'à venir
           Tristesse










Encore timide dans sa robe vaporeuse 
Elle n'ose regarder
Le visage dissimulé
Elle tient son éventail tel un jeu de cartes 
Un accroche-cœur
peint de scènes galantes
Elle hésite 

Qu'a t- elle vu qui la rend sérieuse
Entend-elle les conseils de sa mère

Son expression volontaire et sérieuse occulte ses traits encore juvéniles 
Elle sait
qu'à ce bal que se joue son destin










Attrapées par distraction, la voix de Guillaume Gallienne dans le poste de radio dans "ça n'peut pas faire de mal"*, celle de Dominique Blanc lisant la première phrase de la dernière page du livre de Annie Ernaux Les années (à partir de la minute 43'00) :
"Le petit bal de Bazoches-sur-Hoesne avec ses autotamponneuses"

Grande plongée dans ces soirs de fête où j'allais à ce bal jeunette, petite dernière chaperonnée gentiment par mes aînées et mes aînés.
Après la retraite aux flambeaux et le feu d'artifice. 
Avant les heures de la nuit, vers trois ou quatre heures, quand les danseurs cédaient la place aux bandes et aux risques de bagarres.
De trop rares occasions d'entendre maman raconter ses bals du Trocadéro, les recommandations de Mémé Louise, mon étonnement de la grande liberté dont elle disposait au même âge que le mien dans les années 1925.
Son carnet de bal qui rendait concret mes lectures romanesques, longtemps précieusement archivé à l'abri de la jalousie de mon père supportant mal qu'elle ait eu une vie sentimentale avant lui. En tout bien tout honneur précisait-elle les yeux brillants.
Un carnet où elle notait la qualité de danseur de ses cavaliers, où un nom exotique revenait souvent. Il dansait si bien ...

Collision de deux mémoires, intrusion d'un grand livre d'écrivain dans le souvenir vrai de mon adolescence ...
Pour "sauver le temps, le mien, celui des autres" (Annie Ernaux dans l'entretien en lien à l'INA)


*(à partir du point 43'00 pour la citation)



                                        illustration musicale, Sidney Béchet Si tu vois ma mère









Au bal du "conte moi fleurette"

Au bal du "conte moi fleurette"
elle semble sage la dame
et pourtant moi je la sens coquine!
Pas chassés, pas de côté
ronds de jambe et courbettes
œillades et badinage
émoustillent ses sens.
Est-elle  indifférente, jalouse, excitée ou dédaigneuse?
Regardez-la bien,  la belle brunette
avec son instrument de séduction subtil mais quelque peu provocateur:
son éventail.
Dans ce langage codé que lui fait-elle dire ?
Elle se couvre l'oreille gauche avec son éventail ouvert !
Au soupirant du jour en catimini elle dit :
"Ne révèle à personne notre secret"
Mais son secret, quel est-il ?
Je me plais à croire
que sur son  éventail,  des cartes à jouer sont dessinées
et qu'elle montre à l'Homme combien le jeu lui plaît !
Car au jeu de l'amour et du hasard, elle se sait reine,
l'éventail n'est-il pas, comme le plaisir,
synonyme d'imagination féminine ?







 
Un long moment de solitude

Oh la! la! Ce qu’il fait chaud! Où est-il passé? Je meurs de soif! Il en avait soi-disant pour une grosse minute… gros soupir… Tiens, elle est là celle-là? Vraiment, on accepte n’importe qui dans ce bal.
«Oh, bonjour Mlle Germaine, je ne vous avais pas vue. (tu parles!) Il faut dire qu’avec tout ce monde n’est-ce pas… Vous êtes très en beauté ce soir (on dirait un gros sac rose et vert. Beurk!). Vous êtes venue avec votre frère? (qui est bête à manger du foin soit dit en passant) très bien, très bien. Moi? Oh non, je ne suis pas seule. Jean-Charles de Méricourt est mon cavalier. Il est allé chercher de quoi nous rafraîchir. Oui, merci. Très aimable. Bonne soirée à vous également… »
Ouf! Bon débarras. Quel pot de colle! … gros soupir exaspéré… Cette chaleur va me liquéfier. Je n’en peux plus. Mais où est-il donc passé? Et ces gants qui n’arrangent rien. C’est peut-être le signe que l’on est une dame de qualité mais question confort, tu repasseras. Voilà l ’orchestre qui joue notre valse à présent. C’est insupportable à la fin! Ai-je une tête à tenir la chandelle? Ah, il va m'entendre. Doux Jésus, le vicomte de Trinqueville. Pourvu qu’il ne me voit pas… Aïe! aïe, il va se retourner... .
« Chérie, navrée pour le retard mais il y avait foule au buffet. Voici votre limonade bien fraîche. Vous ne m’en voulez pas trop?»
« Mais pas du tout  Jean-Charles. On ne s’ennuie pas une seconde. ( grrrrr) Ce bal est fort divertissant. ( mis à part les parvenus et autres vieux fossiles)»
« Vous êtes un amour ma très tendre. Venez, je crois que c’est notre valse…»
Trali la la la …la la …..







Au bal
Ici sans être là


Derrière mon éventail
En tarot de Marseille
J’écoute.

Qui distribuera les cartes ce soir ?
Quelle lame sortira ?
Quel avenir se dessine
Sur l’horizon qui gronde ?

Regard au loin
Derrière les apparences
Par-delà les mondanités
J’observe un autre paysage
Caché

Jeu des archets
Quelques notes
Quelques frottements de tissus
De pieds glissant sur le parquet
Bruissements du bal
Compliments et murmures indistincts
Sourires gênés
Quand une main se fait pressante

J’observe sans voir
L’infini m’emporte
Je suis ici sans être là

Assise, dans cette robe de lumière,
Qui voyez-vous ?
Qui croyez-vous donc voir ?




Le coin des retardataires


Des roses blanches
pour un regard noir
et l'éventail déplie les songes
Tristesse ou mélancolie
les fragments solitaires
se noient
dans la musique du bal

©Balaline