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jeudi 8 mars 2018

Page 103 Dadd en poésie



Richard Dadd, Le coup de maître du bûcheron-magicien, 1855-1864, huile sur toile, 54 x 39 cm, 
Tate Britain, Londres

 Source ARTIPS 


 


Palette bûcheronne :

L’arbre a chu
Semant des fleurs d’avenir
La vie tourbillonne

Quatre temps
Quatre saisons
De la terre vers la mer
Petits et grands se mêlent

Vaste écheveau 
D’une comédie humaine
Se tricotant à coups de pinceau

Aucune négligence
Des regards aux plis des habits
Les histoires s’encrent
Ancrant richesse et pauvreté
Dans le grand livre
De l’aventure terrestre

Folie du détail
Précision du trait
Peints en fresque d’humanité


ABC









"Le coup de maître du bûcheron-magicien"

Le coup de maître n’est-il pas celui de l’artiste lui-même, bûcheron à la hache meurtrière !
Et pourtant magicien avec ses pinceaux, ses couleurs, son univers et ses images.
Comme mon cher Gérard de Nerval, il est parti pour l’Orient en voyage
Comme lui encore, on le dit fou ; pour Nerval, je n’y crois pas ; pour Dadd, mystère
Car je ne le connais pas, mais cette œuvre me donne envie d’en voir d’autres.
Enfermé dans un asile à une époque où cela équivalait à une prison, son âme
Pourtant s’envole pour créer : fou génial ou génial fou ? Question à poser
À propos de temps d’artistes : Camille Claudel, Séraphine de Senlis ; beaucoup de femmes
Dont l’hystérie est bien connue…. Art brut ou vrai art dégagé des entraves
De la raison ? Je termine avec le Facteur cheval, non déclaré fou mais classé
En art brut : ces cases qui ne conviennent pas à ces artistes  hors normes.
Mais l’art n’est-il pas justement celui qui se moque des normes pour écouter l’âme ?

Laura VANEL-COYTTE
http:://wwww.lauravanel-coytte.com








 

Aux portes de la nuit


Portes ouvertes sur l'étrange nuit
fantasmagorique
où les bribes de voix d'un peuple
abandonné au sombre des grands arbres
s'indignent des massacres
de la plus petite parcelle de vie.
Il n'y a pas de bûcheron magicien
devant l'anéantissement des forêts.
Son bras ne retient pas la hache
il n'entend pas les gémissements de la terre
mutilée par sa dévorante cupidité.
Où s'est donc perdue l'harmonie originelle
de ce monde fabuleux
aux paroles de sagesse
aux âmes pacifiques
à la source vivante
du sacré ?
Nous pleurons chaque jour cette désolation
ces traces indélébiles
toutes ces petites morts
noyées dans la soif de l'artificiel.

Vers quel chemin va donc l'avenir de l'homme ?

Balaline






 




Sur la toile le temps n'est pas figé
Le peintre anime ses personnages
Chacun a son rôle à jouer

Sonnez trompettes
Sonnez les cors
Oyez oyez
Le Roi et la Reine Marguerite
S'en viennent

Place place
Serfs et  Vilains
Pousse ton araire
Soigne ta vigne
Et prépare tes tonneaux


Tandis que sous la terre
Vit un peuple plein de mystères
Venant de tous les continents
Des filles déguisées en bergères
En fées ou en sorcières
Des Lilliputiens des gnomes
Aux premières loges pour l'exécution

Des conquistadors emplumés
Attendent le spectacle
Déjà le Bûcheron lève sa hache
Pour son coup de Maître

Le peintre a encore à la main
Sa palette et ses pinceaux

Josette





 








Fantasmagorie


Pas plus haut que trois marrons
Pas plus gros que trois pâquerettes
Le petit peuple des légendes n’était pas là pour rire chaque jour. Multitude de personnages affublés d’étranges atours, ils faisaient passer le temps et les époques tant bien que mal. Ils étaient surveillés par plus grands qu’eux ; méchants conquistadors venus vainqueurs d’un ailleurs incertain.
Ces petites gens, ceux d’en bas, ces moins que rien, étaient sur cette terre ils ne savaient trop pourquoi, aucun n’en connaissait la raison. Ils subissaient saisons, tristesse et grisaille. De temps en temps, à califourchon sur une boule de platane, ils devaient un peu s’amuser.
Moi, j’ai envie de leur rendre hommage, de les célébrer ces simples, ces vilains, ces déboussolés de la vie assis dans cette sinistre cour des miracles. J’ai envie de leur crier courage, je sais que vous résisterez aux époques !
Vous serez korrigans, lutins, farfadets, trolls et  compagnie…
Vous serez des légendaires, vous serez l’imaginaire qui traverse par transmission orale les générations. Vous serez légende et tradition populaire, vous serez petit peuple, créatures fantastiques et vous alimenterez les peurs et les rêves des hommes

Fantasmagorie
Pas plus haute que trois marrons
Se cache dans l’âme

Elle n’a que faire des religions, toute seule elle offre à l’homme la peur, la curiosité, l’espoir, tout le surnaturel dont il a besoin.

Jamadrou


 

L'arbre de Dadd

L'arbre s'effondre à regret
Hache ou baguette en main
Ce magicien des bois
Reçoit les compliments
La foule admire sa maîtrise
De cet être fracassé
Son exploit a fait naître
Tout un monde surgi des ténèbres
Est-ce un mirage
La sarabande
Des elfes et des esprits des bois
Les bacchanales
Du jugement dernier ?

Marine D
                                                     http://emprises-de-brises.over-blog.com/












 
J’ai longtemps cherché
À dire la beauté,
Et je l’ai finalement trouvée :
Là, aux portes de la folie,
Où toutes deux s’amusent :
En paix et si proches !


Territoire de rebus,
Terre d’humanités en surnombre,
Chemins de relations obscures
Et de regards troublés : 
Ils habitent en moi depuis si longtemps,
Habitants occupés à des tâches diverses,
Figures nobles ou figures de misères,
Familiers de mes trop personnels enfers.


Ouvrant les bras à la perle,
J’ai abandonné mon cœur à l’aiguille.


Je cherchai à ne glaner que les fleurs,
Au long des sinueux sentiers de mon âme enfiévrée.
J’y ai trouvé le vieux nain peureux, âme taciturne ;
Ici les œufs-mystères, là les bogues épineuses.
Parfois des diables vengeurs !
J’ai cru, parfois, en gainer le courroux,
 Ils n’ont fait que guider le mien.
Père, je t’ai tué ! 


Une vie pour le rachat d’une vie prise :
Une vie pour dire, en moi, ce foisonnant désordre.
Une vie, aussi, pour y dessiner un sens


J’ai connu et porté la folie de mon siècle ;
Et ce siècle, de mon pinceau, je l’ai croqué.
J’aurais voulu gérer au-dehors
Des étendues immaculées de fleurs épanouies,
Jonchées, partout, seulement de douceurs colorées,
Je n’ai goûté en moi que les marais puants,
Les landes de pierres tristes.
Je n’ai fait l’économie de rien,
J’ai regardé en face, tant les visages d’angoisses
Que les trompes bruyantes et les masques de terreurs. 


Garde patience, mon fils ! On ne naît pas homme,
Lentement, simplement on le devient !
Ainsi parlait mon père.
Alors j’ai cru qu’il était l’obstacle,
Quand il n’était que le dernier rempart.


Prophète, noble, matrone ou fée
Gnomes, contemplatifs, musiciens et capitaines :
La vie humaine est un chemin de lumière,
Sentier d’illumination des choses,
Des zones obscures de l’existence :
Échec ou victoire :  qu’importe !
La beauté est toujours un combat qui vaut !
Pour mettre un ordre à nos nuits premières !


©Serge De La Torre
             http://instantsdecriture.blogspot.fr
             http://decoeuretdencre.blogspot.fr











Expiation !


Au pays des fées, des elfes et des gnomes quelques élémentaux jouent du clairon. Est-ce en l’honneur de l’arbre abattu, invisible, ou pour saluer les retardataires venus célébrer sa mort ?
Un imbroglio de ramures innerve le paysage de Dadd. Mémoire vascularisée. Il y a là une menace. Des flèches se dressent vers l’horizon interdit, les marguerites poussent sur la pierre et des boulets de marrons jonchent le sol. Le bûcheron lève sa hache sur le vide. Expiation !
L’arbre qu’il veut abattre, n’est-ce pas ce petit vieux rabougri à la barbe blanche, assis au sol, le regard dur et qui lui fait face ?  L’abattras-tu ? semblent lui demander ceux qui sont autour et qui l’observent, en seras-tu capable ? Ils sont tellement nombreux à hanter le paysage. Il va le faire. Il va le faire, grincent des monstres sans cou, tête tassée dessus leur tronc. Fantômes tronqués, écrasés comme autant de souvenirs enfouis. Il va le faire, il doit le faire !
L’immense bûcheron refait et refait son geste dans sa tête envahie de troubles qui dégoulinent sur la toile comme pour marquer à jamais l’acte expiatoire du peintre.
Au pays des contes d’Orient ou d’Occident, la mort est toujours présente. Shéhérazade lui échappe nuit après nuit, ailleurs on fait danser les méchantes belles-mères sur des plaques chauffées à blanc pour les punir et, toujours, on mange les petits enfants.

Adamante Donsimoni