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dimanche 30 janvier 2022

Les branches de la P. 191

 

La voici, la voilà, et complète cette fois !

Si les chèvres grimpent aux arbres

j'ai bien cru le devenir samedi 😥 

Oups ! et Ouf !

 


Merci les Brins de vos magnifiques poèmes

-comme toujours-

et de vos photos

-j'en ai plein d'avance-

L'herbier est pour moi un vrai bonheur.

Encore merci !

 

Adamante

 

Photo ABC

 

Rideau d'arbres


Forêt nue, bois nu
Rideau d'arbres, trouée de bleu,
L'écureuil n'y danse plus
De branche en branche,
L'oiseau bavard s'est tu, nid vide...

Je cherche du regard
Un p'tit Chaperon rouge, mais, rien,
Voire un loup, une biche...

Barricade de troncs
retient l'hiver dans ses rangs
La ville manifeste


jill bill
 
 

 

 




Entrelacs forestier :

 
Les arbres entrelacés ont tiré leur rideau sur le secret des lieux.
Grand méchant loup, ogre, chaperon rouge ou autre petit poucet, les histoires jouent à cache-cache.

Cherchant celle qui dort
promenons-nous dans les bois
crainte et mystère

À cette heure ni hibou, ni coucou, pour accompagner la balade, juste le craquement de nos pas sur branches et feuilles mortes. Au loin, nous croyons percevoir le chant des nains partant au boulot…

Hêtres, chênes et bouleaux
s’accordent à quelques charmes
entrelacs boisés

Les histoires inscrites en nos mémoires se reflètent sur le tableau du jour. Les écorces se teintent au gré de la lumière. Admirant l’orée des bois, nous nous laissons séduire par ce chef d’œuvre naturel.

Sombres branchages
embrassant de claires ramures
masques de l’aube

Il suffirait d’un rien pour que contes et Dame Nature, en complices, s’unissent pour nous emporter dans de merveilleuses aventures.

Magie de l’instant
aux portes de l’imaginaire
il était une fois…

dans les murmures forestiers
s’ouvre le livre d’images

ABC

 

 





 

 

Matin gelé

Des nuances de gris dans la maille des arbres
L'aube rose apparaît en halo incertain
Dans l'enchevêtrement le ciel nous fait mille clins d’œil
Les chênes dénudés restent droit dans leurs  fûts
Tant d'hivers sont passés sur leur peau craquelée...


À l'horizon j'ai vu le milan qui planait
Sur la prairie au sol gelé deux chevaux gris
Dégustent les brins d'herbe que leur souffle réchauffe
Dans quelques heures royal Phebus aura fait son office
Et aura transformé le pays vivifié


Il existe des âmes qui cherchent la lumière
Qui tournent sur la vie espérant l’impossible
Et voudraient voir des signes dans les bosquets déserts

Marine Dussarrat - 27 janvier 2022

 

 

 
Johnny Clegg et Savuka - Asimbonanga (1988)






 

 

 

 

 

 

 

Balade en forêt 


En tâtonnant, Printemps,
Silence chlorophylle,
A taché de ciel bleu
Le sous-bois sec automne.

Anémones et violettes,
Hardies ballerines,
Frémissent du satin,
Éternuent leur pollen.
 
Un merle musicien,
Étincelles trilles,
Secoue coucou lointain
Au discours monotone.
 
Pin mât de misaine
Soutient branches wickiup,*
Imprégnés de fous-rires,
Jeux rusés d’apaches.
 
Nos pas roulent cailloux,
Bottent pommes de pins,
Se coulent dans l’enfance
En plumets de lichens.

* wickiup: abri primitif fait de branches et d’herbes construit par les Apaches et les Paiutes.

Martine


 

 

Seuls les arbres

 

Un silence ouaté, en gris, quelques touches de bleu dilué dans le ciel morne et bas où les corbeaux traînent leur lassitude. Plus bas la forêt dépouillée parait inhabitée, chants et pépiements envolés.
 
Seuls les arbres
serrés sur leurs mystères
semblent défier ce jour cafardeux.

 
Ces géants aux grands corps paisibles en apparence, vieux sages aux mille jours, traversent bien des tempêtes pour nous livrer demain les clés d'un autre monde.
 
Saurons-nous ouvrir les portes de l'espoir ?
 
Se blottir
au creux de cet essaim de vies
aux racines tentaculaires
aux vibrations inaudibles


Ce voyage communiquant
un appel résonnant au fin fond de notre être.


Sur les chênes, les pins où se lit encore la trace de nos ancêtres, de leurs gestes ancrés sur les écorces rugueuses, la vie a déposé sa force et ses faiblesses, cette majesté d'être, cette lutte quotidienne pour grandir, résister.

 
Seuls les arbres
unis contre l'adversité
compagnons des jours sans
offrent leur robustesse à nos fragilités.



Balaline

 

 

 

 

Le vent et les tempêtes, à défaut de la morsure d'un froid qui tardait, sont venus à bout de la toison des feuilles de l'année.

C'est l'heure indécise
entre le jour et la nuit
aube ou crépuscule.

Pendant quelques mois, la dentelle sombre des ramées nues va laisser derrière le bois se deviner le "pied du temps" comme il se disait il y a longtemps.

C'est l'heure où l'ancien
négligeant le baromètre
dit la pluie qui vient.

Blanc rosé dans la nacre grise du ciel, demain sera dans la brume et le givre. Quelques oiseaux frileux saluent le vieillard silencieux dans sa promenade solitaire.

Le soir est trompeur.
Quel sera le temps demain ?
Le doute s'insinue ...

Doucement s'en vient le soir,
griffes noires, ciel de velours.

©Jeanne Fadosi, samedi 29 janvier 2022

Fadosi continue







Tanka I


 Décembre en froidure-          
silence dans la ramure
aucun pépiement

ni même un écureuil
arbres en dormance




Tanka II


 Renaissance
dans l'entrelacs de leurs branches-
des éclats bleutés

le ciel dessille ses yeux
j'ai le blues du Printemps !

 

 

 Un haïku

 

Les rameaux nus étendus
quelques craquements sourds-
lamento de l'hiver



Claudie Caratini - le 30/01/2022





 

 

L’attente de la forêt


Ils se sont pris les branches dans l’automne les feuillus de la forêt. Plus une feuille pour échanger avec le vent

un secret de sève
une nouvelle du lointain-
reste le silence


Les feuilles désormais tapissent le sol et marquent chacun de mes pas de leur haleine froissée d’humidité

un parfum d’humus
s’élève du tapis sombre-
tout est nostalgie


Le vent se faufile entre les bras dénudés qui semblent implorer le ciel, et sa voix déchire la canopée de ses gémissements sifflants. Le costumier de l’hiver n’aime pas la couleur, il habille les sous-bois de gris et de marrons.

l’heure n’est plus aux chants
et l’espace rétrécit
invite au sommeil

Il se pourrait que demain, le blanc recouvre tout. Il me semble qu’ici tout aspire à cet intermède lumineux pour masquer un temps la tristesse, et accrocher du rêve des pieds à la cime des arbres, où une arche se dessine pour accueillir la magie. Je le pressens, le vent aussi espère la neige, il aime la faire danser

son souffle amoureux
sur la Belle immaculée
et tout s’illumine.


Adamante Donsimoni - 28 janvier 2022

LE CHANT DU SOUFFLE 


Arthur Rubinstein - Chopin Ballade No. 1 in G minor, Op. 23

 &

Nemanja Radulovic & Double Sens - Les Quatre Saisons - Hiver - A.Vivaldi




mardi 13 novembre 2018

En rouille et vert, 124 ter




sous-bois-en-automne - acrylique/toile - Jamadrou


À tout moment
râleur est bon
car
dans la forêt de l'Herbier
une fée veillait
la fée Jama de Bretagne
Car s'il est un pays des fées
c'est celui-là et pas un autre.


L'histoire s'est passée
chez Serge de la Torre
un Jaffa poète ayant publié chez lui
une poésie ainsi que l'image qui l'avait inspirée
Mal lui en prit
caaaaar..


Dans une gerbe d'étincelles aveuglantes
passant en trombe la porte des étoiles
qui reliait son pays à l'espace
une déesse goa'uld surgit soudain
c'était Nirrti
verbe menaçant
vertu outragée
elle s'indigna bien fort au nom des droits d'auteur
fustigea le Jaffa et s'en retourna dans son monde
drapée dans son costume de lumière


Cré Vin Diou !  
Branle-bas dans la prairie 
le vent soufflait en tempête sur les brins terrifiés
Oh mamma mia ! 
Voilà-t-y pas que l'on s'était trompées,
la vieille Marmotte et moi-même,
en tricotant les homonymes
de deux peintres de même patronyme !
Et que le peintre consulté
un peu rêveur, mais fort charmant
à qui j'avais demandé l'accord pour utiliser son image
avait répondu enchanté que l'on pouvait l'utiliser
mais malédiction des arbres 
l'image s'avéra ne pas être la sienne !
Bou Diou l'enfer 
tout le monde avait faux !
Ça sentait le roussi !

Alors exit l'image
pour ne pas finir comme Tantale 
enchaînés sous un rocher menaçant de nous écraser
on la renvoya dans sa nuit.

Ouf, enfin libérés !

Mais foi de brins d'herbier
l'équipe était soudée
une pareille affaire n'allait pas l'arrêter !
Si l'image fût dégagée vite fait
le vide ornait désormais
quelques poésies orphelines
et tout n'était plus que langueur et tristesse
dans la forêt de l'absence.


Alors, n'écoutant que son courage,
la fée Jama attrapa ses brosses
ses tubes et en trois coups de rouille et vert
en vrai Lancelot de l'acrylique
elle jeta le sort qui convenait en la circonstance :
Elle créa une forêt.

Pas de brume
pas de flou
mais une explosion de couleurs
ornait désormais la toile.

Quand tout fut terminé
esquissant quelques pas de danse
elle se mit à chanter  :

"En rouille et vert j'ai réglé l'affaire
j'ai remis un peu d'espoir sur c'te terre
en rouille et vert j'ai fait un miracle
j'ai remis un peu de couleu eur..." 


La morale de cette histoire c'est :

enfant des mots
enfant des brins
enfant de l'amour des images et des mots
ce bel enfant nous prouve
tout là-haut, tout en haut
que rien ne peut arrêter une fée 
décidée à ne pas s'en laisser conter.

Adamante*




Et si vous avec envie, à votre sauce, de cuisiner le dit de ce désagrément 
faîtes comme moi, ne vous gênez pas.
Cette page se redira autant de fois qu'il le faudra;
Bien à vous "en rouille et vert tra la la la la..."



*J'en profite pour vous l'apprendre ce nom là signifie en espagnol "la fée des bois". Si si !



vendredi 9 novembre 2018

La page 124


Un bois, la brume, une trouée de ciel et voici le résultat,
plus d'image mais quels textes !

Mais c'est compter sans Jamadrou, voici l'image qui va porter ces textes.
Merci, Jama,  l'Herbier c'est aussi un univers d'entr'aide
quand le sort se met à nous contrarier.



sous-bois-en-automne - acrylique/toile - Jamadrou







Bien mère, oui mère...


Purée de pois au bois,
On y voit goutte...
Je suis encore de corvée 
Pour la galette et le pot de beurre
Mère-grand oublie son diabète... !
Ne te fais point prier petite Cherra
Aide-toi de ce lampion.
Bien mère !
Et donne en passant à ton bûcheron de père
Le litron et ses rillettes 
Tu le trouveras près du moulin à eau !
Oui mère !
N'oublie pas de saluer le garde-forestier
Monsieur Leloup...
Il aura pour nous un lièvre
Fais en joli merci.
Euh mère...
M'sieur Leloup me fait peur,
Il dégouline de bave à ma vue !
Mère-grand dit de lui
Qu'il a le bas-ventre dur comme bobinette
Qu'il faudrait la lui couper !
Mets ta cape rouge et file
Mère-grand voit le mâle partout ! 
Bien mère...
Ah, donne un coup de main à Madame Lécureuil
Pour ramasser ses noisettes
Qu'elle vendra au marché du village, 
La pauvre veuve a peu d'épargne. 
Oui mère...
Purée de pois au bois
On y voit goutte...

Un jour n'en reviendrai pas, conte dessus !







Suzie baskets :

Elle ne savait plus très bien pourquoi elle courait, mais elle courrait beaucoup, souvent, tout le temps. A force de courir, elle a fini par se perdre.

courir pour courir
comme une respiration
son addiction

Dans le petit bois de chez elle, qu’elle connaissait comme sa poche, elle s’est vraiment perdue. Arbres, taillis, arbustes, dans la lumière bleutée de ses incertitudes, elle n’avait soudain plus aucun repère.

connaître les lieux
tout en perdant le nord
sans boussole

Son ombre faisant écho à son ombre, il lui semblait tourner en rond. Seul le martèlement de ses pas, sur le sol incertain, résonnait au rythme des battements de son cœur. Elle courait toujours. Après qui ? Après quoi ?

comme un ours en cage
pris au piège
à perdre la raison

Aucun chemin, une faible lumière et tant de broussailles dans ses sous-bois qu’elle seule aurait pu jardiner.

point de sentier
juste un fouillis végétal
--chercher sa voie

En un brusque retournement, elle stoppa son élan. Le brouillard du doute s’estompait. La végétation lui redevenait familière. Une fenêtre s’entrebâillait. Elle venait de découvrir la porte la menant à elle.

ouvrir la porte
pour se laisser entrer
chez soi

Depuis cet instant, elle marche jour après jour sur le chemin de sa vie. De l’adolescence à la maturité, chacune de ses courses l’ont forgée femme. A l’aise dans ses baskets, elle les troqua contre des escarpins.










Ce n’était plus tout à fait l’été
Ce n’était pas encore l’automne
Dans le Bois d’Amour
Les fougères déjà rousses
La lumière jouait
Dans le labyrinthe des troncs
Sous le couvert des hêtres
Les couleurs improbables
Faisaient appel à la mémoire…
Le souvenir de ce Talisman
Paul Sérusier et Paul Gauguin
La naissance d’une peinture nouvelle
« L’âme serait portée à la tristesse dans ce cadre tranquille si un rayon de soleil perçant quand même le feuillage le plus épais ne donnait la sensation de la divine espérance… » *

*https://books.google.fr/books?id=qpvaCwAAQBAJ&pg=PT488&lpg=PT488&dq=l'âme+serait+portée+à+la+tristesse+dans+ce+cadre+tranquille





















Au pays des arbres
de la forêt des merveilles
toute une vie respire

Alice n’ira plus au bois
les miroirs en sont brisés

©Jeanne Fadosi







Dans cette forêt je me suis perdue
L’automne m’a caché le chemin
Mais enfin
Le chemin n’existe pas tu es le chemin
Dans le bleu au loin
J’ai cherché comme dans un songe
A retrouver le fil de mon destin
Il n’y avait plus rien
Alors désorientée j’ai laissé couler
Des larmes d’aquarelle délavée
Et j’ai espéré que l’aube serait
Couleur satin.
jamadrou








Que sera demain ?


À travers le gris des feuilles, dans la torpeur d’une brume laiteuse, le spectre du ciel déploie son camaïeu de bleu céruléen,

partout la rouille
les craquements furtifs
des feuilles finissantes

Les pas se perdent dans l’humus d’un automne tardif. Bientôt la brume enveloppera la forêt et couronnera les mousses de gouttelettes froides, comme le souvenir.

Heure du mutisme
sur ce chemin des ombres
vit la mémoire des arbres

La Terre adoucit le temps qui passe. Cette berceuse de la nature chantée de cœur à cœur dans le silence des forets résonne fort sous le pinceau du peintre.

L’homme y est absent
mais le silence parle
d’une menace

Le chant des loups qui saluaient la venue de la nuit est une vibration dont témoignent les arbres. Une sorte de souffle à peine perceptible qui enveloppe l’esprit, sans plus se dire.

La mort a parlé
crachats des tronçonneuses
que sera demain ?

Adamante Donsimoni








Merci à vous d'avoir participé.  
Et quel est votre avis sur la nouvelle présentation du blog ?













mercredi 17 février 2016

L'herbier page 33




La voici enfin cette page 33, avec un peu de retard. 

Merci de vos participations, de votre patience, 
qu'elle vous soit agréable.





Quand le cerveau s'emballe.

Prenez garde Petite Demoiselle !
De sombres idées vous agitent.
Le grand méchant loup pointe son long museau sur votre cerveau gauche !
Mais Grand-père veille sur sa Titounette.

Bien sûr
Vous ne pouviez comprendre que ces deux-là s'aimaient d'amour tendre.
Ils le criaient si fort, sans prendre souci de vous parler.

Prenez garde petite Demoiselle ! Elle ne vous a pas trahie ... Il ne vous a pas abandonnée .... Ecoutez votre coeur ...
Ne vous trompez pas de colère Petite Demoiselle.

Paroles de Chat Perché. 

La Vieille Marmotte





Le vieux chenapan...



La mère Michel

Criarde telle poissonnière 

Proposa par sa fenêtre 
Bonne récompense
A qui ramènerait son Raminagrobis...
C'est le vieux Lustucru
Coquin voleur
Qui contre un baiser
Marchanda la chose,
Mais il était si p'tit
Qu'il en réclama deux gros...
« Sinon je vends ton gouttière
A l'empailleur
Ou pire au boucher !! »
« Quand on aime quelqu'un
Enfin son matou
Point on ne calcule
On y va à bouche déliée... »



Chenapan de Lustucru

Aux façons peu catholiques

Tu auras ton compte 
Mais dans la pénombre
A l'abri des commères...










 
Sombres nuages
elle promène ses idées noires
et son chat gris
parmi les ombres rouges
de ses rêves bleus
ABC





Avec son chat
Qui ne la quitte pas
Elle attend
A la tombée de la nuit
Quand le rivage s'assombrit
Que les gris font suite
Aux rougeoiments
Aux bleus profonds
Elle l'attend
Elle l'attendra
Contre vents et marées
Avec son chat
Comme si il savait

Comme si il pouvait... 








À l’orée des apparences
ou « La forêt de Trakl »


Elle marche sur son ciel
reflet de soleil
dans les vagues de l’air
le chat à ses pieds
sorte d’alter ego
hésite entre le yin et le yang
un peu plus yin sans doute
plus méditatif
plus chat
plus vide
Derrière eux
la longue silhouette sombre d’un garde chasse
à l’orée des apparences
semble les observer
la forêt de Trakl* résonne du chœur des chasseur**
leur chant s’élève
cherche un chemin
vers ce ciel
qui n’est plus en haut
ce ciel
qui monte pourtant
comme une racine
à travers la trouée des ombres
pour se rejoindre
car il n’est plus
ni haut
ni bas
il n’est plus
que sphère
il n’est plus
que cercle.

Adamante 

* Georg Trakl poète Allemand. Il naît le 3 février 1887 à Salzbourg (Autriche) il se suicide le 3 novembre 1914 à Cracovie.

**"Der Freischütz" de Carl Maria von Weber   https://youtu.be/OiBBFM60RiM









La grotte des ancêtres


Ils pénétrèrent dans une gorge profonde aux flancs boisés, une large fissure, déchirure des secousses du Temps...

Elle ahanait sous sa robe rouge que bombait un ventre rond de presque 9 mois.

L'air empiégé du ravin sentait l'humus et Belle frissonnait dans la fraîcheur humide.

Dans le rideau noir de la montagne qui fumait d'une légère brume s'ouvrait une sorte de cassure dans laquelle elle se faufila.

Pierre la suivait avec inquiétude. Lui, le Maître des Bois, n'aimait pas ces lieux mystérieux que son imagination peuplait de dangers occultes.

Il alluma les torches et un flot de vie d'ombres et de lumières tarissait puis se renouvelait sans cesse sur les parois de pierres qu'il parcourut des yeux distraitement, comme quelqu'un qui cherchait son air...

L'atmosphère, saturée d'humidité, était glaciale !

Belle aimait ce ventre de la montagne, ces entrailles secrètes qui bruissaient d'une cascade d'eau tombante d'une anfractuosité de la voûte noirâtre et dont le bruit se répercutait en écho sur les parois.

Une grande salle les enveloppait de parois grises où dansaient de folles lueurs.

Au milieu de la Grotte, un petit lac peu profond dans lequel s'abîmait la cascade, dont l'eau fuguait quelque part entre les rochers.

Cette Grotte avait servi de refuge à des générations d'ancêtres de Belle. Là avaient logées familles et bêtes....

En haut de la Grotte s'obscurcissait de plus en plus une trouée vers le ciel.

Pierre avait l'impression d'être au centre d'une amphore antique, et toutes ces pierres lui semblaient être comme des ossements de la terre.

Sanctuaire où se disputaient Vie et Mort !

Des figures étranges se réfléchissaient sur l'eau mouvante du lac.

Pierre était un honnête homme, sec, au visage tanné par l'air et le soleil. Il inspirait le respect. Il avait la vigueur élastique et les muscles tendus de l'Homme des Bois pour qui la Nature était un livre ouvert dans lequel il puisait toute sa science.

Il déposa doucement Cat sur le sol, laquelle se coula vivement aux pieds de sa maîtresse. Il y avait entre elles comme une véritable parenté.

Cat était la lumière de Belle, sa plus fidèle compagne et ne la quittait guère. Les doux miaulements de Cat étaient comme un chant de tendresse pour Belle.

Comme Pierre aimait cette jeune femme douce et bienveillante, dont tous les chats du quartier se disputaient les caresses.

Cette jeune épousée qu'il avait menée à la danse il y a si peu de temps.... Qu'il avait été fier de défiler avec elle à ses côtés devant tout le village réuni !

Mais depuis quelques temps, elle ne riait plus de bon cœur. Ses yeux reflétaient comme des pensées tristes. Elle s'éloignait de lui. Ses silences faisaient peine à Pierre.

Soudain, elle poussa un long gémissement en se tenant les reins... puis un hurlement d'angoisse et d'effroi, les traits abîmés par la douleur.

Il s'effraya !

Cat miaulait doucement, puis grondait sourdement, comme si elle comprenait sa maîtresse.

Belle, si élancée, toute fine de traits et la peau légèrement hâlée, aux mains petites faites pour la caresse, et au visage si gracieux.... semblait brusquement avoir vieillie avec des yeux comme regardant au-dedans d'elle....

Elle grelottait, et la sueur inondait son visage.

Pierre lui parla doucement et voulut la prendre dans ses bras, mais elle le repoussa violemment, le front barré de douleur....

Pierre prit peur ! Il se demanda brusquement si les esprits des ancêtres de sa femme voulaient leur perte

Des tressaillements la secouaient.

Puis elle se mit à pousser de tels cris que tout était confusion en lui. Ça lui faisait peine de voir sa femme dans de telles souffrances. Il avait honte ! Toute sa force ne servait à rien !

Et Cat, qui continuait à gronder puis miauler d'une voix grave, le troublait, lui retournait le cœur....

Belle avait de longs intervalles où il ne l'entendait plus respirer.... Il retenait son souffle avec elle !

La nuit noire était tombée dans l'immense solitude de la Grotte.

Puis Belle, en haletant violemment, s'allongea sur le sol sableux et lui fit signe.

Il s'approcha de ses cuisses écartées, pour saisir un petit paquet sanguinolent tout gluant qu'il déposa vivement sur le ventre de sa mère. Retrouvant enfin ses esprits, il coupa le cordon ombilical de son immense couteau de chasseur....

Retirant sa veste, il enveloppa le Bébé qui criait et se démenait de toute sa petite vie naissante.

C'était un adorable petit garçon à la figure toute chiffonnée aux yeux à peine ouverts, les joues un peu jaunes dans la lumière virevoltante des torches . Ses petites mains potelées se fermaient de colère avec une force qui attendrit le cœur du père.

Belle et Pierre, éprouvés par une grande secousse, se retrouvèrent réunis dans une de ces violentes émotion pleines de tendresses et d'amour, les larmes au yeux !

La petite cascade chantait joyeusement dans la Grotte et Belle sentit en elle comme le battement des cœurs de ses ancêtres.... comme s'ils palpitaient en elle....

Luciole
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