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lundi 18 mars 2024

L'or du mimosa

  Un oubli sur la page 231 que je répare ici, 

avec toutes mes excuses pour cet oubli incompréhensible 

mais surtout inqualifiable. 

Désolée Martine. AD

une photo de Martine 


L'or du mimosa


Que d’or! Cette année mon mimosa est extraordinaire. Quelle abondance! Quelle générosité éblouissante!

J’imagine un  Harpagon minuscule dans mon jardin. Un Tom Pouce  avare désirant s’accaparer et retenir le monceau d’écus du magnifique acacia* . Les yeux fermés, le nez enfoui au cœur des belles glomérules dorées, le voici sourd au monde.

« Posséder sans jouir n’est rien. »* *

Le petit personnage, bien que doté d’’invisibilité à nos yeux, attend la nuit pour sortir et s’emplir les poches de ces sequins duveteux et parfumés.  Jamais rassasié, il en prend à poignées, encore et encore. Pourtant, rapidement, ses poches se révèlent trop petites. Alors, l’avorton revient avec un sac presque aussi grand que lui. Et il amasse, amasse ce trésor, un sourire béat fendant sa face d’une oreille à l’autre.

Un escargot glisse nonchalamment à deux pas de là, s’arrête pour examiner, tendant une corne après l’autre, l’étrange comportement du farfadet.

–  Holà l’homme! Que fais-tu? Pourquoi tant de hâte? s’informe le gastéropode.

Surpris, le gringalet lève la tête, cherchant qui peut bien l’espionner.  Et peut-être le voler? Il y a tant de malhonnêtes de nos jours!

– Qui va là? s’écrie-t-il.

– Ce n’est que moi, Hélix. J’habite ici, au pied de ce gratte-ciel. Je ne fais que passer entre deux repas rafraîchissants.

– Que me voulez-vous? réplique le myrmidon corseté d’anxiété.

– Moi? Je ne veux rien que de la tranquillité. Votre agitation gêne ma digestion. Que faites-vous? insiste le colimaçon.

– Heu… Je nettoie le sol. Le vent et la pluie ont arraché et jeté bas des milliers de… heu… boules jaunes. Ça fait désordre. Alors… heu… voilà, conclue-t-il, embarrassé.

– Ah bon? Et bien, je vous laisse à votre labeur, répond la cagouille, reprenant sa glissade interrompue.

La demi-portion s’active éperdument pour en terminer avec sa précieuse récolte, et, surtout, la mettre à l’abri.

Giboulées de mars-

le soleil du mimosa

tapis d’or fugace

.

* L’arbre appelé mimosa, originaire d’Australie, est un acacia. Ne pas confondre avec le faux acacia aux belles grappes de fleurs blanches dont le vrai nom est robinier.

* * Réplique de l’avare dans la pièce  de théâtre de Molière.

 

Martine  


Un oubli sur la page que je répare ici, 

avec toutes mes excuses pour cet oubli incompréhensible 

mais aussi inqualifiable. 

dimanche 17 mars 2024

La page 231

 

une photo de Martine 


L'or du mimosa


Que d’or! Cette année mon mimosa est extraordinaire. Quelle abondance! Quelle générosité éblouissante!

J’imagine un  Harpagon minuscule dans mon jardin. Un Tom Pouce  avare désirant s’accaparer et retenir le monceau d’écus du magnifique acacia* . Les yeux fermés, le nez enfoui au cœur des belles glomérules dorées, le voici sourd au monde.

« Posséder sans jouir n’est rien. »* *

Le petit personnage, bien que doté d’’invisibilité à nos yeux, attend la nuit pour sortir et s’emplir les poches de ces sequins duveteux et parfumés.  Jamais rassasié, il en prend à poignées, encore et encore. Pourtant, rapidement, ses poches se révèlent trop petites. Alors, l’avorton revient avec un sac presque aussi grand que lui. Et il amasse, amasse ce trésor, un sourire béat fendant sa face d’une oreille à l’autre.

Un escargot glisse nonchalamment à deux pas de là, s’arrête pour examiner, tendant une corne après l’autre, l’étrange comportement du farfadet.

–  Holà l’homme! Que fais-tu? Pourquoi tant de hâte? s’informe le gastéropode.

Surpris, le gringalet lève la tête, cherchant qui peut bien l’espionner.  Et peut-être le voler? Il y a tant de malhonnêtes de nos jours!

– Qui va là? s’écrie-t-il.

– Ce n’est que moi, Hélix. J’habite ici, au pied de ce gratte-ciel. Je ne fais que passer entre deux repas rafraîchissants.

– Que me voulez-vous? réplique le myrmidon corseté d’anxiété.

– Moi? Je ne veux rien que de la tranquillité. Votre agitation gêne ma digestion. Que faites-vous? insiste le colimaçon.

– Heu… Je nettoie le sol. Le vent et la pluie ont arraché et jeté bas des milliers de… heu… boules jaunes. Ça fait désordre. Alors… heu… voilà, conclue-t-il, embarrassé.

– Ah bon? Et bien, je vous laisse à votre labeur, répond la cagouille, reprenant sa glissade interrompue.

La demi-portion s’active éperdument pour en terminer avec sa précieuse récolte, et, surtout, la mettre à l’abri.

Giboulées de mars-

le soleil du mimosa

tapis d’or fugace

.

* L’arbre appelé mimosa, originaire d’Australie, est un acacia. Ne pas confondre avec le faux acacia aux belles grappes de fleurs blanches dont le vrai nom est robinier.

* * Réplique de l’avare dans la pièce  de théâtre de Molière.

 

Martine  




 

En grappes


Un, deux, trois, soleil

Mi mi mignon mimosa

En mille pompons

Fils du Sud


Fleur joyeuse, dès janvier,

Ah, avoir un arbre à soie, à soi

Il réveille la butineuse

Attirée par sa lumière


Un, deux, trois, soleil

Mi mi mignon mimosa

En mille pompons

Fils du Sud


Petit Chaperon est passée par là

Cueillir un bouquet

Pour sa mère-grand

Couleur miel sur la branche


Grisant mimosa

un parfum de ma Provence

Essaim végétal


jill bill





Jaune :

 

Jaune, couleur chaude en sa palette de dégradés.

J'ai entendu parler d'or et respiré le vent dans les épis de blé.

j’ai entre-aperçu le loriot d’Europe et contemplé le tarin des aulnes.

J'ai regardé les tournesols et découvert le colza.

J’ai vu pousser des pissenlits et renaître des jonquilles.

J’ai cueilli des topinambours et admiré des millepertuis…

Mais ce jaune resplendissant, illuminant l’hiver, c’est ailleurs que je l’ai croisé :

 

là-bas vers le sud

entre soleil et citron

ses fleurs mimosa

 

fragrance de tout parfum

à Grasse l’art d’être nez

 

ABC

 


 




Quelle grâce en moi étend son voile quand, marchant au bord du verger, je croise le parfum enivrant du mimosa, les chenilles du noisetier et les semis de pâquerettes. Le mois de mars est là, bien présent, entre les humeurs fantasques du vent et de la pluie...



Un oiseau de proie

perché sur un arbre sec

attend l'aubaine

petit à petit la vie

organise son ballet



Je cueillerai un bouquet de pompons jaunes qui nous embaumera et j'en déposerai autour du berceau de cet enfant, né au rives de mars.

Ce mois, troisième de l'année, cet hurluberlu qui promet tant et qui passera comme une flèche suivant la courbe du ciel et des grands oiseaux sauvages qui clament leur retour. Ils volent ensemble vers les marais accueillants, suivant la ligne de l'océan, depuis les confins de l'Afrique en un va et vient qui nous chamboule d'admiration...



Où que tu sois

l'appel intense des grues

sera un signal

vois ce V de Victoire

ouvrir un ciel de promesse



Marine D 

 





Un bouquet d'or


Un bouquet d'or dans la lumière

embaume ce matin léger

De tendres papillons de soie

aux étamines ensoleillées

dansent sous le vent doux

au grand festin des butineuses

C'est un jour d'océan

si heureux sous le bleu

un jour de terre à rêver de la paix

mêlant l'écume neigeuse au jaune mimosa

quelques instants de grâce

suspendus sur l'espoir


Balaline    14/03/2024






Le jour où Monsieur WENG faillit s'évanouir .....



C'est le jour où, nimbée d'or, Mademoiselle MIM osa. 

Ce fut le plus beau jour de sa vie . Un bouquet de jonquilles 

à hauteur de poitrine, et marchant résolument,  à tout petits pas argentés ,


elle s'avançait 

faisant pâlir le soleil

parfum envoûtant 


Il n'attendait que cela

il y avait si longtemps 


Déjà !     Une larme le long des vieux sillons .....



FVM.   14 mars 2024.   






 


Vague mimosa


Tout d’abord il y eut le parfum. Au loin je pouvais entendre la mer. Comme j’aimais ces moments où je pouvais m’extraire des contingences sociales festonnées de tenues correctes et de paroles policées. Ici, je n’avais plus à surveiller mon image, mon langage, rien ne m’obligeait à donner le change, à compter jusqu’à mes respirations. L’haleine du grand large  m’arrivait par bouffées iodées irisées de ce pollen aussi doré que le soleil du midi. 

Je ressentais la vie jusqu’à la perception des pierrailles qui roulaient sous mes semelles. J’avais le pied heureux des dévoreurs de grand chemins. J’étais comme un explorateur débarqué d’un naufrage sur une île déserte où à n’en pas douter se cachait un trésor. 

La nature ne chantait pas encore la partition ininterrompue des cigales, mais mon cœur, grand rêveur, battait déjà de leur cymbalisation et  bondissait comme un cabri épris de la garrigue. 

Puis m’apparut, dans l’air vibrant de senteurs enivrantes, une explosion de jaunes teintés d’ocre curcuma. 

Ce fut comme au cinéma, un arrêt sur image, un instant de contemplation imposé par l’interruption brutale du temps. Étourdie de tant de beauté, il me vint à l’esprit que Van Gogh, face aux vagues déferlantes de cette lumière fauve qui m’avait stoppée dans ma course, aurait été infidèle aux tournesols


une inflorescence

sous le bleu en majesté

Vague mimosa


les pompons du dieu soleil

viennent agacer le nez



Adamante tanka prose -10 mars 2024

Une prochaine lecture de mes livres (annonce)

Barbara L'île aux mimosas










 


lundi 4 mars 2024

Pour la page 231

 De fleur en fleur

de l'automne au printemps

une photo de Martine 

pour des Haïbuns (de préférence) 

ou membres de la grande famille japonaise.


Parution dimanche soir pour le lundi 18 mars 2024 



Textes à remettre le vendredi 16 mars dernier délai

 

par courriel, dans le corps du message. 

 

Bonne plume !   AD



 



dimanche 3 mars 2024

La page 230


Jeanne Fadosi




En fait j'ai deux textes, le premier mêlant mes mots et ceux déposés en commentaires ici :

24 heures photo 2024 - 01 : mes vœux de lumière - jeannefadosi (overblog.com)

 C'est à la suite de ces commentaires que, déposé début février, j'avais trouvé

celui-ci : 

Françoise la V.M 04/02/2024 10:52

"Je n'ai jamais vu des akènes de clématite. C'est beau !

Ta photo pourrait être proposée aux plumes de l'Herbier ..... Non ?"


Le deuxième, un premier jet (copieusement raturé et modifié depuis) avant d'avoir cette envie de tresser mes mots et ceux des commentaires.



Le Premier :


C'était le dimanche du dernier jour de l'année. J'étais allée à pied chercher le pain, profitant du soleil, surprise par le vent glacé, ravie par les couleurs du paysage que la lumière oblique d'hiver sublimait même à midi. 


Panne d'inspiration ...

Que serait l'année nouvelle ?

Quels voeux formuler ?


Je venais de trouver l'image qui accompagnerait et peut-être porterait des mots réconfort que je peinais à convoquer entre un adieu à une année horribilis et un salut craintif à la nouvelle pleine de nuages sombres.


Des mots pansements

hors des guerres et des conflits ?

Des voeux de lumière ?


La vie est précieuse, 

ne l'abîmons pas,

ni la nôtre, ni celle des autres.


Et tous ces mots déposés

doux comme un duvet d'akènes


"Oui Jeanne, si précieuse, qu'importe cette vie, humaine, faune, flore...." (Jill) 

"La vie est précieuse et courte. Nous ferions mieux de tous le comprendre plutôt que de nous déchirer pour un oui ou pour un non! Laissons place à la douceur" (Marie-Paule)


"Petits moulins blancs

tournez, tournez

saisons et années

sans abîmer

Terre, mer et continents !" (ABC)


"... ces "fleurs" toutes en douceur, légèreté, mouvement qui vont si bien ici"  (Patricia) 

"La Nature n'a que que faire de nos disputes et guerres. Il n'y a qu'à la regarder, c'est la simplicité même mais aussi d'une grande complexité comme ces clématites pleines de douceur." (Annie54)


"Une tendresse particulière pour ces fruits de la clématite. Même sur le balcon, notre clématite horticole, fait aussi ce genre de touffes. Et dans la forêt le long du Rhin, la clématite fait de véritables lianes." (Yannn)


"Je pense hélas, Jeanne

que tu prêches des converties ! 

La nature n'a que faire 

des guerres et des conflits,


elle poursuit son bonhomme de chemin. 

Que j'aime ces akènes de clématite..." (Cathyrose)




Le deuxième


Porté par le vent

depuis le bois par le champ

l'akène a germé


a fait souche, lançant sa liane

à l'assaut de la lumière

au midi d'hiver

filaments aux mille éclats

étoiles en offrande.


D'akènes aux bourgeons 

de tiges en fleurs, en fruits, en graines

des germes aux akènes ...


Par quoi ou qui, clématite,

es-tu mue en cycles de vie ?


©Jeanne Fadosi, vendredi 23 février 2024



 




Les clématites fanées


Un coup de balai

À ces danseuses de ballet qui ondulent dans le vent,

Non, la Clémence s'en garde bien

Tout est poésie dans les saisons

La vie, la mort aussi.


Elles ont l'air de momies,

Plus l'air de rien, du reste.

Et cet oeil noir corbeau

Qui défie le chat.


Non, la Clémence s'en garde bien

Elle ne porte que des regards bienveillants

Jamais la main, grand dieu.


Et ce ballet danse

Ondule, en tutu de plumes

Grillage en toile de fond

Sans public, jardin impeuplé.


La Clémence est morte, paix à son âme,

Sur sa tombe j'ai déposé

Un bouquet de clématites éteintes

Celles de son jardin chéri.


Semence à semer

en souvenir de Clémence

Etoiles noires


jill bill


 






Manège :

 

Les enfants joueurs soufflent sur le treillis. Chaque fleur balance leurs mèches blanches qui tourbillonnent, manège enchanteur. Métamorphose, comme autant de petits moulins dans le vent. Cris de joie, éclats de rire, les yeux s’écarquillent, les mains se tendent, les bras ondulent, les pieds s’agitent en ronde joyeuse. Le bonheur à portée de cœur résonne au jardin.

 

Clématites sauvages

se décoiffent

au souffle de l’enfance

 

son mur floral tournoie

ronde laineuse en cheveux blancs 

 

ABC





 


Balade océane

 

    C'est une matinée de septembre où le soleil éclabousse toute la région d’une multitude de gouttes d'or. Ces dernières s’entremêlent merveilleusement à celles iodées de l'eau de mer.

    Nous sommes dans un maison forestière nichée au cœur de deux hectares de pinède, à une soixante de mètres de la plage du Bassin d'Arcachon. Il est tôt. Sa Majesté Phébus n'a pas encore vaporisé la rosée de la nuit.  Les notes parfumées des arbres, du varech, de l'humus, des fleurs sauvages viennent s'enrouler autour de moi, me soufflant: " Viens... viens..."

    Près du portillon, accroché au grillage, un pied de clématite frémit de toutes ces petites graines plumeuses. Mots inaudibles qui viennent soutenir l'invitation sylvestre. Il n'en faut pas plus pour m'entraîner sur le tapis épais des aiguilles de pins.

    Entre les jeux de l'ombre et de la lumière apparaissent et disparaissent tour à tour, l'éclat fuchsia des bruyères, le vert acide des fougères derniers nées. Majoritaires, leurs ainées montrent les signes avant coureur de l'automne. Ici, son pinceau combine un jaune vif à un vert profond. Là, elle panache orange et roux. Ailleurs, elle s'emballe saupoudrant toutes les frondes de bruns profonds. 

    Plus je m'enfonce dans la forêt, plus les odeurs me capturent, m'envoûtent. Celle des champignons rivalise avec les fragrances fraîches des mousses que ma flânerie écrase. La montée de la chaleur anime le sous-bois. Les sifflets et vocalises répondent aux Kraaa! Kraaaa! de trois corneilles résidentes à l'année. De nombreux butineurs s'entrecroisent autour de petites fleurs blanches inconnues; aux lèvres jaune pâle des tubes d'un groupe d'anonymes; près des chapeaux meurtris des russules, cèpes de pins et autre champions divers.  

    À foison, des arbousiers offrent généreusement clochettes affriolantes et fruits gorgés de sucre à une foule d'amateurs :bourdons, abeilles, mouches, oiseaux... Quelques ronciers ici et là protègent leurs baies noires d'une armée d'épines acérées. Un peu plus loin de profonds boutis* trahissent la quête insatiable des sangliers friands de vers et autres larves. Soudain, un écureuil m'apostrophe, tout fouettant l'air de son superbe panache. D'accord. Je dérange. Il est temps de faire demi-tour.


Appel de la sylve-

Mouettes, merles, mésanges...

La joie pour compagne


* boutis : le sanglier retourne le sol avec ses défenses et le boutoir (la partie supérieure de son groin). Il peut labourer ce dernier jusqu'à  60 cm de profondeur. Son super odorat le guide vers "d'excellents repas".


Martine  MADELAINE-RICHARD




 

 




Son défi à l'hiver

 

" Elle court, elle court .... "  la liane insolente, invasive et prospère, se nourrissant d'un rien.

D'un bourgeon dans l'enfance, elle devient vite adulte, exubérante et libre, en recherche de bras où

attacher ses liens.

En juin, elle fleurira, parfumant nos étés de ses fleurs délicates.


la clématite

ou vigne de Salomon

symbole de désir


Passent les heures d' août qui semblent l'embellir, elle court la polissonne, taquine les jardiniers

voulant la retenir.

En secret elle prépare ses heures automnales car sa coquetterie refuse à tout prix de se laisser mourir.

Au début de l'hiver, elle reste un mystère, coiffée ou décoiffée, elle attire les regards.


ses fleurs en plumes

naturel ébouriffé

défi à l'hiver

la vie est blottie là

le sommeil du silence


Balaline




 



 

En route pour la promenade 

 

    En route pour la promenade en ce jour d'hiver ensoleillé. Nous allons prendre le chemin qui conduit aux berges du Rhône . Et nous profiterons encore de la beauté offerte par la vigne blanche sauvage qui abandonne ses akènes à la moindre brise des Dames . L'herbe aux gueux est splendide en cette saison .......


    Tu frétilles et te tortilles sous le poil ébouriffé de ta toison blanche. Je te crois à droite, mais tu es déjà à gauche.

 

Virevoltante

Regard d'anis étoilé

Toute en tendresse


    Je me souviens de ces jeux d'enfance : nous nous déguisions, mes frère et sœurs, nos petits amis voisins, avec ces grandes lianes fleuries que nous arrachions aux fourrés. Pour quelques heures, rois et princesses de nos livres de contes.


Tout à coup, sans crier gare tu fonces après je ne sais quel copain de rêve. 


Ma petite fleur

Saleté de grillage 

Colère inouïe 


Grillage assassin

Petit bout de langue rose

Coeur en flaque d'eau


Françoise 1er Mars 2024.  



 

 

Avec une bouche de baies rouges

Avec des yeux d'étoiles noires

Je bois ces paroles de clématites

Ces créatures échevelées

Arabesques de fin d'été

Nids de grâce au vent d'ouest

Fruits secs et cerises confites

Je vois la vie passée et à venir

Je sais bien sûr qu'elles slament

Pour dire aux êtres de fruits mûrs

Qui trop vite ont vu fuir leur jeunesse

Vivez, vivez, accrochez vous

Aux grilles, au sol, aux murs, aux arbres

A la queue des gros nuages

A tout ce qui vous tient debout

A vos amours quand ils vous donnent

A vos amis quand ils partagent

A ce soutien, cette force, cet appui.

Tout s'efface et tout se pardonne

Portez la tendresse comme un étendard


Marine









Le boléro des clématites



Rentrant de promenade, alors que le soir se faufilait sur la campagne nostalgique, je m’étais oubliée à rêver sur un banc, non loin d’un grillage qui me séparait du pré voisin. 

Au travers, je pouvais à présent apercevoir l’horizon. Le rideau vert du feuillage s’était retiré, et quelques graines de clématites, ornées de leurs pompons blancs, s’y accrochaient encore. Ces volutes cotonneuses exprimaient la légèreté. Elles semblaient attendre le vent, moi peut-être leur envol. Puis, sans que j’y prenne garde, ma conscience avait dérivé sur la blancheur de cette voie lactée, révélée par ces plumetis soulignés de quelques baies rouges. J’étais en apesanteur, totalement libre de corps et de pensée.

Mon esprit avait largué les amarres, il s’était transporté dans des dimensions insoupçonnables à tout observateur étranger. Ce dernier aurait pu me penser assoupie. Comment aurait-il pu ne serait-ce que supposer les mouvements hypnotiques dans lesquels m’avait entraînée cette danse des spirales ? 

Si mon corps paraissait immobile, tout à l’intérieur de lui était en effervescence. Je vivais un bonheur minéral. La vibration chantait son boléro extatique et sa musique m’emportait bien plus loin que les apparences trompeuses que je donnais à voir. 


au regard du cœur

se révèle le caché-

autre dimension


voyager les yeux fermés

savoir chevaucher le vent

 

Adamante Donsimoni  

26 février 2023